François Bourguignon a remporté le 31e concours international de plaidoiries des avocats
François Bourguignon diplômé de Grenoble Ecole de Management, GEM PGE 2011 - BIB 2009, avocat au barreau de Paris, a emporté le concours en défendant les travailleuses marocaines des champs de fraises espagnols.
Dix avocats français et étrangers ont défendu les droits humains, toute la journée du dimanche 26 janvier 2020, sur la scène du grand hall du Mémorial de Caen.
"For society"
François Bourguigon a illustré les valeurs de GEM en plaidant la cause des « dames de fraises », ces travailleuses marocaines exploitées dans les champs andalous pour le précieux « or rouge » :
Aïcha fait partie de ces quelques 15 000 femmes marocaines choisies chaque année pour devenir ouvrières agricoles dans le Sud de l’Espagne, le temps de la cueillette des fraises. Cette migration économique, organisée par un accord commercial conclu en 2001 entre l’Espagne et le Maroc, a pour objectif de fournir aux exploitations agricoles espagnoles une main d’uvre peu chère et docile dans la mesure où ces femmes sont recrutées en fonction de plusieurs critères de nature à garantir leur obéissance et leur retour au Maroc à la fin de la saison.
Au printemps 2018, Aïcha a quitté son village natal pour rejoindre une exploitation près d’Almonte dans la province de Huelva (Espagne). Outre des conditions de travail et de vie déplorables sur place, elle a subi des faits de harcèlement ainsi que des agressions sexuelles de la part de son employeur.
Avec neuf autres ouvrières, elles se sont enfuies pour obtenir de l’aide de la part des autorités espagnoles, malheureusement en vain : investigations tardives, visa non renouvelé, impossibilité de travailler légalement pendant les investigations, difficulté à avoir accès à un juge dans des conditions respectant les conventions internationales. En cherchant à obtenir Justice, Aïcha et ses neuf compagnes d’infortune se sont heurtées au système judiciaire espagnol et à son incapacité à traiter avec humanité les cas de viols et d’agressions sexuelles commis envers les femmes.
Crédit photo : Thomas Brégardis - Ouest France
J’ai choisi de défendre cette cause car elle me touche particulièrement en tant qu’avocat en Droit du Travail et bénévole au sein d’une association qui aide les personnes en difficultés, ou éloignées du monde du travail, à s’insérer dans l’emploi.
Cette cause me concerne également en tant que citoyen et consommateur européen : ces ouvrières agricoles marocaines acceptent de quitter leur famille pour réaliser des tâches que nous, Européens, ne voulons plus accomplir car trop difficiles, dangereuses pour la santé et mal rémunérées. A ces conditions de travail inacceptables s’ajoutent des violations de droits fondamentaux rendues possibles par le fait que ces ouvrières ont été recrutées, d’un commun accord entre l’Espagne et le Maroc, sur la base de critères qui les placent dans une situation de fragilité à l’égard de leur employeur. Nous devons avoir conscience que le produit de cette misère sociale aboutit sur notre étals de supermarchés et dans nos assiettes.
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